mercredi 6 novembre 2013

La vie d'Adèle


Je ne peux pas dire que j’ai adoré La vie d’Adèle, je peux seulement dire qu’il m’a touché. La vie d’Adèle est le genre de film auquel on repense, de ceux qui vous tiennent éveillés la nuit. C’est le genre de film que l’on ne regarde pas mais que l’on vit, de ceux que l’on subit, qui vous dépasse et qui vous subjugue. La vie d’Adèle est une œuvre à part, inqualifiable, incontournable, intarissable et intemporelle, dont toute critique semble vaine, sonnera vide ou sonnera fausse.

Il me parait impossible de retranscrire sur papier les effets produits par ce film. J’ai à la fois été heureux, angoissé, désolé, gêné, peiné et attristé. Ce film fait naitre en chacun de nous des sentiments différents mais il y a peu de chance qu’il laisse insensible. Si Before Sunrise sublimait la naissance du sentiment amoureux, La vie d’Adèle magnifie son contraire. Le chagrin d’amour est élevé, distillé, transcendé, il est tout simplement révélé dans son état le simple et le plus pur. Il y a quelque chose de vrai dans La vie d’Adèle, cette sensation belle et dérangeante de vivre la vie d’Adèle.

Le film va chercher toute son ampleur et son essence dans sa dernière scène. Cette dernière fait divinement écho à la première où l’on voit Adèle marcher de dos pour se rendre au lycée. Entre ces deux scènes, des années sont passées, une innocence s’est perdue, un cœur s’est fendu et beaucoup de choses se sont brisées. Le temps et la vie ont fait leur travail et après 3h éprouvantes, on retrouve une jeune femme changée pour toujours, qui, dans les larmes, la détresse et la douleur, s’est construit une carapace et un avenir.    

Mais La vie d’Adèle, c’est aussi la confrontation de deux mondes. D’un côté, on a la jeune Adèle, innocente et simple, issue d’un milieu modeste et attachée à des valeurs simples. De l’autre, on a Emma, lesbienne affirmée et capricieuse, issue d’un imaginaire soixante-huitard, pour qui la culture est source d’épanouissement. Leur relation va permettre à la première de toucher du doigt cet univers culturo-mondain pour finalement être renvoyée à ses origines culturelles et sociales.

Dans cette critique j’ai préféré m’attarder sur la substance du film. A mes yeux, c’est dans ce que le film dégage qu’il est inexhaustible. Malgré tout, c’est bien grâce à la forme que le fond prend toute son importance. Kechiche, ce n’est plus un secret, filme à la perfection les visages des deux comédiennes (et pas que), captant chaque détail, chaque émotion. Le long-métrage pullule de moments attrapés au vol, à la beauté sincère et authentique. Accordons une mention spéciale aux deux jeunes actrices qui purifient le film, notamment à la magnifique Adèle Exarchopoulos.  

Comme le dit si bien Emma dans l’une des dernières scènes (au bar), on gardera toujours une infinie tendresse pour ceux que l’on aime et que l’on a aimés. A tous les peinés du cœur, La vie d’Adèle résonnera de mille échos. A croire que l’amour donne des ailes pour un jour vous scier les jambes, cela vaut-il alors le coup ?

5/5 mais je pense que ce genre de film ne se note pas

4 commentaires:

  1. Je trouve au contraire que c'est dans la naissance du sentiment amoureux que le film excelle. Les 2 premières heures sont à mes yeux éblouissantes, quand la dernière est faible.

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    1. Tu n'as pas tort. La naissance du sentiment amoureux est très belle aussi. J'ai personnellement été plus touché par celle de Before Sunrise mais celle là est également très bien construite. Cela étant dit à titre personnel, j'ai été plus touché par la dernière heure avec une fin que je trouve très belle : le bar, l'expo et surtout la dernière scène magnifique.

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  2. J'ai adoré ce film ! plein d'émotions :)

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